Aider une personne en deuil, c’est la consoler. C’est à dire être présent auprès d’elle lorsque l’on ne peut pas intervenir sur les évènements que vivent la personne. Cela suppose de reconnaitre que la condition humaine est fragile et que l’on ne peut rien face au triptyque de souffrir, vieillir, mourir.
L’idée au travers de consoler n’est pas de supprimer la souffrance ou les causes du malheur. C’est apporter une présence et, au travers de cette présence, de l’amour. C’est aussi, lui laisser la possibilité d’exprimer sa souffrance pour pouvoir petit à petit l’apprivoiser.
Elisabeth Kübler Ross distingue 5 phases dans le processus d’acceptation de la mort : le refus, la colère, le marchandage, la dépression, l’acceptation. Bien sûr, tout le monde ne passe pas par ces différents stades, ni nécessairement dans cet ordre. Il est évident que les besoins ne sont pas les mêmes à chacune de ses phases. Cf @Les étapes du deuil
Au-delà de ces 5 phases, il y a une déchirure dans la désolation, une extrême solitude, un vide dans l’expérience du deuil. Cf @qu’est ce qui m’aider?
Ce vide provient pour la personne en deuil du sentiment de liens qui se coupent : Outre le lien avec son aimé, le lien avec les autres, mais aussi le lien avec le monde, avec le sens de la Vie et avec soi-même.
Le mouvement de la consolation est un mouvement de remise en lien.
Cette remise en lien se fait donc à différents niveaux pour la personne en deuil :
- Avec elle-même. Cela sous-entend de l’inviter à ne pas s’ajouter de la peine à la peine, notamment en laissant de côté la culpabilité qui peut apparaitre.
- Avec les autres. Cela sous-entend de l’inviter à accueillir les autres (dont vous faites partie) même quand elle n’en a pas complètement envie pour nourrir l’intention de rester en lien.
- Avec le monde. Cela sous-entend de l’inviter à essayer de s’ouvrir à nouveau avec l’esprit du débutant « fais-le, tu verras bien » à ce qu’elle aime, la nature, la musique, les amis, …
- Avec le sens de la Vie. Cela sous-entend d’ouvrir un possible et l’inspirer en lui partageant des histoires où au plus profond de l’horreur, certains ont su trouver du sens. @lectures inspirantes
- Avec plus Grand, une expérience de foi. Cela sous-entend de l’inviter si cela fait sens pour vous et pour elle à ouvrir son cœur à Dieu /la Vie en confiance. Dans ce moment d’extrême solitude, entendre Dieu/la Vie et savoir « qu’Il est là et qu’Il nous aime ».
- Avec la personne aimée et défunte. Cela sous-entend de l’inviter à oser le mystère : la personne aimée est là où tu aimes, où tu vis, et où tu crées son souvenir et si elle continue à vivre en nos cœurs, sa présence quotidienne a une autre forme de réalité.
La consolation est difficile à donner et elle nécessite des points d’attention pour l’accompagnant.
L’accompagnant peut aider la personne accompagnée à prendre conscience qu’elle peut accueillir sa douleur et dans le même temps rester ouverte, en lien, en soutient de son chemin. L’accompagnant devra être attentif à sa qualité de présence auprès de la personne en deuil :
Une présence qui écoute et accueille au travers d’un lien du cœur, en débranchant le mental qui juge, qui a peur ou qui veut sauver. Le plus important est d’écouter la personne et de la réconforter en lui assurant que tout ce qu’elle peut éprouver est normal. Soyez avec elle lorsque s’élèvent les vagues de douleur et de chagrin. Avec le temps, l’acceptation et une compréhension patiente, ces émotions s’apaiseront progressivement.
Humilité, délicatesse, absence de jugements, absence de discours tout faits seront nécessaires pour une présence agissante.
Il est important aussi de ne pas avoir d’objectifs et ne rien attendre comme résultats. Simplement faire de son mieux avec son coeur.
Des petits points d’appui pourront alors être semés. Ils pourront peut-être agir comme un mantra pour la personne que l’on console. Ou lui permettront d’entrer dans processus d’auto consolation. Ou encore, lui permettront de demander de l’aide et de se faire accompagner par un professionnel si elle en ressent le besoin.
Et il faut savoir que la consolation est difficile aussi à recevoir.
- Elle peut être perçue comme une intrusion. La personne n’a envie de faire semblant et d’écouter ce qui lui parait illusoire.
- Elle peut être attendue et refusée tout à la fois. Certaines personnes s’attachent à leurs souffrances et veulent être admirées dans leur souffrance.
Comment concrètement aider une personne en deuil ?
Si besoin, voici 4 axes à explorer avec elle :
Le plus important est de la laisser parler.
Lui permettre de s’exprimer sur son cher disparu et sur le lien qui les unit. Elle peut aussi, si elle en éprouve le besoin, parler ce qui s’est passé, les circonstances de la maladie, de la fin de vie, de l’accident ou du suicide. C’est le plus souvent un besoin fondamental des personnes endeuillées, qui dure très longtemps. Cette mise en mots est un aspect important du travail de deuil. La charge émotionnelle est source de souffrance. Et le fait de parler encore et encore de la personne disparue, des circonstances de son départ permet au fil du temps d’user progressivement l’intensité de cette charge émotionnelle et de tendre vers plus d’apaisement. En l’écoutant avec patience, on l’aide et on constate que ce besoin se tarit normalement au fil du temps.
S’informer sur « Qui est présent à ses côtés ? »
Il est important de s’assurer qu’elle est bien entourée dans le temps. Les proches ont souvent tendance à s’éloigner. Ils prennent de la distance au fil du temps. Cela peut lui donner une impression d’abandon ou d’isolement qui peut créer beaucoup de ressentiment à l’égard des autres. Il est donc ici essentiel d’assurer à la personne en deuil une présence affectueuse sur la durée. Et cela va bien au-delà de la première année. Il est important de lui laisser l’espace pour exprimer ses émotions (peur, colère, culpabilité, tristesse, perte de sens…) et l’aider à les verbaliser. Cela lui permet de diminuer l’intensité de la charge émotionnelle qu’elle porte.
S’informer sur « où elle en est physiquement? »
Le corps porte également le poids du deuil. Il est donc important de s’informer sur comment elle prend soin d’elle. Comment vont sa santé, son sommeil, son alimentation, son hygiène de vie?
Explorer enfin avec elle son espace intérieur.
Il est possible d’inviter la personne en deuil à s’exprimer sur un sujet d’ordre plus spirituel. Son deuil peut avoir profondément chamboulées ses valeurs, ses croyances, ses priorités de vie. En parler, peut l’aider à cheminer.
Enfin, n’oublier pas une personne en deuil est extrêmement sensible à toutes les occasions où on évoque spontanément la personne qu’elle a perdue. Il ne faut donc jamais hésiter à parler de la personne décédée, même très longtemps après son décès. Il ne faut pas avoir peur de rappeler les jours heureux, les anecdotes, les aspects positifs de leur relation d’autrefois. En dépit des larmes qui peuvent venir, ce rappel fait authentiquement du bien parce que la personne est rassurée. L’être qu’elle a perdu n’est pas oublié, il reste vivant dans les coeurs….