Le décès d’un être aimé peut être un véritable cataclysme dans notre vie et laisser place à un vide abyssal. Partant de mon expérience, je vous partage ici des pistes pour avancer dans ce vide.
Quelle est la nature de ce vide ?
Elisabeth Kübler Ross nous explique le processus d’acceptation de la mort et les besoins spécifiques à chacune de ces étapes. Cf @Les étapes du deuil. Il y a, me semble-t-il, au-delà de ces 5 phases, une extrême solitude, un vide. Une partie de soi semble avoir été arrachée, ce qui laisse place à une béance, une déchirure dans la désolation. Ce vide provient pour la personne en deuil du sentiment de liens qui se coupent. Le lien avec son aimé(e), mais aussi le lien avec les autres, avec le monde, le Sens et avec elle-même. Avant de voir comment avancer dans ce vide, regardons de plus près la nature de ces liens, et comment les restaurer.
Quels sont ces liens brisés et comment les retisser ?
Dans le deuil, il y a plusieurs natures de lien qui peuvent s’être coupés :
- Avec soi-même. Cela sous-entend de ne pas s’ajouter de la peine à la peine en se sentant notamment coupable. Là, se décentrer, faire un pas de côté par rapport à la désolation peut aider.
- Avec les autres. Cela sous-entend de les accueillir. Là, prendre conscience que même si cela me dérange et sans attendre de miracle, il y a dans le lien à l’autre une clé. Essayer de s’ouvrir pour tenter de se rendre à nouveau perméable aux paroles des autres et observer ce que cela me fait.
- Avec le monde. Cela sous-entend d’accueillir son malheur et dans le même temps, s’ouvrir à nouveau avec l’esprit du débutant « fais-le, tu verras bien » à ce que l’on aime, la nature, la musique, les amis, le sport … dans la conscience du lien qui se crée.
- Avec le Sens. Cela sous-entend d’explorer le nouveau « qui je suis ?» et « pour quoi je suis ? »
- Avec plus grand, une expérience de foi : Cela sous-entend d’ouvrir son cœur à Dieu /la Vie en confiance. Dans ce moment d’extrême solitude, entendre Dieu/ La Vie et savoir « je suis là et je t’aime ». Cette communion se manifeste par le lien de la prière et les signes que nous recevons.
- Avec la personne aimée et défunte. Cela sous-entend d’oser le mystère. Le Père André Marie nous dit « elle est là où tu aimes, où tu vis, et où tu crées son souvenir ». Sa présence quotidienne dans nos vies a une autre forme de réalité. Christiane Singer nous partage dans Dernier fragment d’un long voyage : « Je croyais jusqu’alors que l’Amour était reliance, qu’il nous reliait les uns aux autres. Mais cela va beaucoup plus loin ! Nous n’avons pas même à être reliés : nous sommes à l’intérieur les uns des autres. C’est cela le mystère. »
Comment avancer, pas à pas ?
Comment avancer pas à pas dans ce vide apparent ? Je vous partage ici le fruit de mon expérience sur ce chemin de deuil. Je vous invite à vous fier à votre intuition pour savoir ce qui est juste pour vous.
Prendre le temps de ressentir pleinement sa souffrance, puis la laisser se dissiper. Ne pas se maintenir volontairement dedans.
Exprimer, mettre en mots sa souffrance et l’apprivoiser pas à pas.
Se rendre perméable à la présence et aux paroles des autres
Si besoin oser demander de l’aide pour bénéficier au cœur de cette souffrance d’une présence qui me dit « Tu peux souffrir, je suis là »
Accepter sans lutter toute aide matérielle ou immatérielle
Rester ouvert à ce que l’on aime : la nature, la musique, la peinture, la danse, ..
Accepter une présence consolatrice qui remet en lien : Prier, méditer, demander à être inspiré par plus Grand
Parler avec l’être aimé en cœur à cœur, lui partager de l’énergie d’amour
Accepter de vivre mutilée et faire quelque chose de cette mutilation, lui donner du sens.
Qu’est ce que je peux apprendre en avançant dans le vide?
Là aussi, je vous partage le fruit de mon expérience. Il est possible d’apprendre, si vous le souhaitez, du chagrin et du sentiment de perte causée par le deuil :
Accepter l’impermanence dans nos vies, dans nos liens et dans nos états intérieurs et être dans l’instant présent
Exprimer au présent continu ce que l’on ressent pour ne pas regretter : son estime, son amour ou demander pardon.
Reconnaitre la préciosité de la vie ; la remercier et la vivre au présent continu
Prendre sa part de responsabilité dans sa façon de regarder la vie et d’agir : bien que le film de notre vie nous échappe, nous sommes libres du regard que nous portons sur les évènements qui nous sont donnés à vivre et nous pouvons à chaque instant soit les accueillir, soit lutter contre
Accueillir et accepter les souffrances liées à notre condition humaine : naissance, vieillesse, mort pour les transformer en sources d’inspiration.
Oser ôter son masque, sortir des apparences pour être avec ses forces et ses faiblesses.
Pour aller plus loin @lectures inspirantes sur le deuil